Les grands enjeux de société et les idées qui en font la trame, avec humour, passion et gravité.
1 Mai 2020
J'identifie Spinoza à un athée et à un matérialiste (rongé par un brin nostalgique pour le Mystère universel).
On doit retenir du coronavirus la leçon que l'Homme agit nécessairement en coordination avec ses semblables. L'efficacité de son entreprise est à ce prix. L'un a besoin de l'autre. La recherche de la liberté, serait-elle spirituelle, n'est pas une option égoïste grâce à laquelle on s'embarque pour l'autre rive, seul sur son canoë. C'est en compagnie que l'on se rend dans l'autre monde, j'imagine, et avec un capitaine sûr de lui.
Spinoza l'avait compris, le libre-arbitre est un leurre. En tout état de cause, la société individualiste est aussi potentiellement viciée que la société communiste.
Tout en écrivant ces lignes, les paroles de Krishna dans la Bhagavad-gita me viennent à l'esprit: "L'homme en ce monde subit l'influence des trois gunas, inhérents à la nature matérielle: Vertu, Passion et Ignorance. Nul ne peut leur échapper sauf s'il est un yogi."
Mais il ajoute, non sans s'être expliqué d'abord à Arjuna : "Une telle âme est rare en ce monde." Donc, se croire libre d'agir à sa guise, croire que nous sommes les auteurs de nos actes, alors qu'ils sont en grande partie régis par les gunas, la Nature, cette croyance nous conduit à fourvoyer l'âme pour des lustres encore, avec des conséquences fâcheuses, si la Bhagavad-gita dit vraie, sur les autres vies incarnées à subir, comme dans un cycle sans fin.