Les grands enjeux de société et les idées qui en font la trame, avec humour, passion et gravité.
10 Janvier 2016
Hubert Reeves répond au magazine Le monde des religions. Ou quand des athées s’interrogent sur l’idée de Dieu et la compatibilité avec la théorie du Bing Bang.
Reeves : « Comment ça marche ?, voilà ce qui intéresse la science. (…) Elle peut construire des bombes atomiques ou des OGM, mais il ne lui appartient pas de décider s’il faut en faire ou non. » Elle s’en lave les mains.
Et personne ne semble voir le danger apocalyptique où peut nous conduire ces scientifiques qui font abstraction de la morale ?!
Sur un fil de discussion intitulé Vive le nucléaire !, j’ai répondu ceci : « Les scientifiques ne sont plus que des larbins qui lèchent les bottes de leurs patrons ; ils les payent. C'est le grand amour. La majorité d'entre eux sont au service d'un capitalisme débridé. » C’est le message que font passer tous les ambassadeurs des sciences.
« Comme dit le proverbe, conclut son article Hubert Reeves : Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées. » C’est ce que j’appelle une croyance dangereuse, pour les vaches en l’occurrence ?!
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Le texte ci-dessous fait suite à Dieu et les chats mystiques
J’ai sous la main trois magazines du Monde des Religions et nulle part ils n’abordent la spiritualité hindoue telle qu’enseignée dans leurs livres sacrés ô combien instructifs. Ils font outrageusement litière de la plus grande religion d’amour, la bhakti, connue depuis l’antiquité lointaine et pratiquée avec ferveur, en Inde et ailleurs, jusqu’à nos jours. Cela n’intéresse pas du tout les rédacteurs en ces temps affreux de guerres de religion ; cette forme sublime de spiritualité authentique et traditionnelle n’entre pas dans leurs cordes. Pourtant, si vous allez à Bombay, Delhi ou Calcutta, et que vous demandez au premier quidam dans la rue s’il sait ce qu’est le bhakti-yoga, il acquiescera en s’exclamant « Bhagavan Shri Krishna ! », « Om Narayana ! », « Sri Vishnou ! », « Radha Krishna ! ». Mais en Occident, cette religion exceptionnelle et fascinante qu’est le vaishnavisme, en plus d’être savante, pacifiste (ahimsa) et sensuelle, n’a aucune espèce de reconnaissance, comme si elle n’existait pas, comme si elle n’avait pas le moindre intérêt.
Y a-t-il quelqu’un dans la maison ?
Comment expliquer ce monumental oubli qui est systématique à toutes les parutions du Monde des Religions ? Franchement, je ne sais pas quoi vous dire car ils ne fournissent aucune explication et ne répondent jamais aux questions qu’on leur pose. Est-ce une conspiration ou simplement de l’ignorance grossière ? Si vous avez la réponse vous me dites.
Ignorants… Ils ne sont pas les seuls. J’écoutais sur France-Culture*L’invité du matin, Régis Debray, s’exprimer sur Dieu. Tentant de déterminer si le dessin de la nouvelle couverture de Charlie Hebdo est un blasphème, l’animateur s’enquérait auprès de lui : « Et vous, qu’en pensez-vous ? » Et lui de répondre : « Cette couverture est très pépère, elle est plutôt sympathique, traditionnelle, très 1900, c’est-à-dire l’assiette au beurre, à bas la calotte, ni dieu-ni maître ; une couverture gauloise et assez convenue. Sur le fond, évidemment, ce n’est pas très sérieux. L’idée que les hommes s’entretuent depuis que les hommes ont inventé le bon Dieu, pour un historien ou un préhistorien c’est assez comique. Parce que le bon Dieu, c’est assez récent, c’est 2500 ans. Il semble que l’espèce humaine, à croire les charniers et les tombes, s’assassine depuis bien plus longtemps. Ils s’assassinent ailleurs aussi, là où il n’y a pas de bon Dieu, les Chinois et les Hindous n’ont pas de bon Dieu, mais ce n’est pas des tendres. Non, tout ça n’est pas sérieux, mais ça contribue au ébat. »
* Laïcité, blasphème : qu’a-t-on appris, un an après ?
Désire-t-on le sérieux ? Quand Régis Debray répond ainsi, il n’y en a pas un dans le studio qui a brillé par son intelligence, personne pour le reprendre ou lui demander de s’expliquer… Et comme toujours, je suis le seul à trouver cela sot comme un panier.
Y a-t-il quelqu’un dans la maison ?
Comment peut-on être à ce point persan et déclarer sur les ondes radio nationales qu’en Inde il n’y a pas de bon Dieu ?! Pour la Chine, c’est clair, depuis l’antiquité nous savons qu’il y avait deux sagesses, le Tao et le Confucianisme. Cela leur a suffit, semble-t-il, pour se passer de Dieu…
Mais qui, parmi les gens éduqués en France, ne connaît pas par exemple la Bhagavad-gita, du moins de nom ? Il y a en outre, en Inde, tant d’autres ouvrages de cette stature, tels les Puranas ou les Upanishads qui glorifient un Dieu suprême. Dans la Bhagavad-gita, qui, en passant, signifie « Le chant du Bienheureux », c’est-à-dire l’enseignement de Dieu en personne, on y trouve de multiples passages où il est spécifiquement question de Dieu. D’un Dieu personnel.
Y a-t-il quelqu’un dans la maison ?
La bhakti, ou "amour de Dieu" en sanskrit, est pratiquée par des dévots dont le Bhagavatam, un des grands Puranas, représentant le sommet spirituel de la littérature védique, constitue leur Bible. Cet écrit avait été traduit pour la première fois en français par Eugène Burnouf (1801- 1852). Mais la version la plus fidèle à l’esprit de ce poème est celle de feu Bhaktivedanta Swami Prabhupada, le fondateur du mouvement Hare Krishna.
L’auteur originel du Bhagavatam est Sri Vyasa, le même qui a composé le Mahabharata dont je parle souvent sur ce blog. Je recopie ici, pour que vous vous en fassiez une idée, quelques traductions qui correspondent aux premiers versets du Bhagavatam, traduits par Srila Prabhupada.
« Ce Bhagavata Purana, entièrement opposé à tout acte de religion que motive un quelconque désir matériel, dévoile la vérité la plus haute, accessible aux dévots dont le coeur est pur. Cette vérité la plus haute est la pure réalité, qu'il distingue, pour le bien de tous, de l'illusion, et elle met fin aux trois formes de souffrance. Ce magnifique Bhagavatam, compilé par le grand sage Sri Vyasadeva, suffit en lui-même à conférer la réalisation spirituelle, la réalisation de Dieu, et celui qui écoute son message de manière attentive et soumise s'attache dès lors fermement au Seigneur Suprême.
« O Suta Goswami, toi le plus ancien des doctes védantistes, tu es instruit du savoir de Vyasa, l’avatara, comme de celui d’autres sages, maîtres de diverses connaissances physiques et métaphysiques.
« Nous te prions donc, ô toi qui a jouissance d’une longue vie, révèle-nous ce que tu considères être, pour tous les hommes, le bien ultime, le bien absolu.
« Dans cet âge de fer, âge de Kali, les hommes ne vivent que peu d’années, ils sont belliqueux, indolents, égarés, infortunés et, par-dessus tout, constamment troublés.
Et ainsi de suite, les sages vont se raconter leurs précieuses expériences spirituelles et parler du bon Dieu, pour répéter Régis Debray, comme jamais vous ne l’avez entendu auparavant.
Cette Bible hindoue, le Bhagavatam, qui raconte ces échanges d'un autre âge, et qui est en fait un document exceptionnel, propose un voyage original et spirituel et, se faisant nous enseigne, pratiquement, l’art le plus élevé de la dévotion, l’amour de Dieu à son meilleur. Et quelqu’un oserait déclarer qu’il n’y a rien là ! Que l’on peut continuer à s’en priver ? Vl y a plus de 5000 mille ans, est-il énoncé dans ces livres sacrés, de telles questions étaient déjà débattues et l’histoire de leur genèse racontée en détails !
Y a-t-il quelqu’un dans la maison ?
Jamais, cependant, pour en revenir au Monde des Religions, le magazine ne s’engage à faire découvrir cette connaissance millénaire pour mieux éduquer ses lecteurs, jamais ! N’est-ce pas ridicule de priver les Français de cette anthropologie des plus cruciales ?! N’est-ce pas ridicule de ne jamais lire dans les pages de ce magazine les paroles d’un vrai sage hindou pratiquant la religion vaishnava ? Pensent-ils pour de vrai, les rédacteurs, qu’il n’existe pas de philosophes parmi eux ? Ou cela ne les intéresse surtout pas ce que des centaines de millions de gens à travers le monde pratiquent comme foi dévotionnelle à un bon Dieu ? Religion, comme nous l’avons dit et tant d’autres avant moi, et non des moindres, est la plus savante et la plus spirituelle de toutes. Le Monde des religions ne daigne pas parler d’elle.
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Le Monde des Religions pose cette question : « Les religions sont-elles porteuses de violence ? » Je réponds oui. Celui qui doute de ce constat est ignorant ou fanatique. Tout, d’ailleurs, en ce monde est porteur de violence : la nature, les dieux, les rois, les hommes et les animaux. Une question plus appropriée aurait été : « Y a-t-il des religions plus violentes que d’autres ? » Évidemment, y répondre c’est plus délicat… On n’aime pas ça, comparer, dans une culture qui préfère parler d’égalité, contre toute logique. Autrefois on disait : celle qui est naît jolie est née mariée. Considérez par exemple le bouddhisme, à la base il se déclare non-violent, mais par la suite il deviendra violent. La violence est constitutionnelle au monde et souvent elle le domine. Ils sont inconscients et hypocrites ceux qui clament que la vie est belle ! L’État, la science, la police, l’agriculture, le sport, etc., peuvent devenir -et le sont souvent- les ennemis de l’espèce humaine et de la vie en général. On ne le dit pas assez mais il est vrai que très peu de gens veulent l'entendre.
Les sacrifices humains
J’ai tort, dites-vous ? Mon raisonnement, d’après les « meilleurs spécialistes » qui s’expriment dans vos pages est trop simpliste ? Nous allons donc les lire…
Le premier article traite du fils d’Abraham. Dieu demande à ce patriarche de le sacrifier en son nom pour lui prouver sa fidélité. Abraham -on ne sait pourquoi-, la foi, je suppose, est convaincu que c’est Dieu qui lui commande d’agir ainsi… Je vous dirai, qu’à mon goût, ça commence assez raide !
Déjà, quelque temps auparavant, Dieu avait prévenu Abraham de prendre sa famille et de quitter le plus vite possible les lieux, car il allait, dans sa divine colère, détruire par le feu et le sang, deux villes entières, tous leurs habitants compris, tous ! sans discrimination, sans exception, même les innocents, c’est-à-dire les enfants.
Vous comprenez pourquoi je dis que cela commence raide comme nouvelle religion…
Mais Abraham résiste et fait la morale à Dieu : « est-ce qu’un Dieu de justice ne se comporterait pas d’une manière juste et équitable ? » Sans succès, Dieu était déterminé à éliminer Sodome et Gomorrhe de la carte. Ouf !
Au moment où le père s’apprêtait à égorger son fils, Dieu arrêta sa main. L’épreuve était terminée. Dorénavant, on ne sacrifiera plus d’êtres humains, mais des animaux. Les autels des temples vont servir d’abattoir pendant de longs siècles, jusqu’à ce que Jésus trouve ce rituel encore trop barbare. Imaginez, vous rentrez dans un temple pour prier et le lieu ressemble à un abattoir, avec les miasmes provenant des tripes et du sang chaud emplissant l'atmosphère... Et là, vous tombez en extase ! Vous entrez en communion avec Dieu…
Il faut se rappeler que quelques siècles plus tôt, Bouddha dut affronter les mêmes ritualistes qui massacraient à qui mieux mieux les animaux durant les sacrifices au nom de Dieu : grâce à sa détermination et à sa morale, on cessa de les abattre et les bouchers religieux professionnels furent pointés du doigt.
Certains dieux se délectent de sang.* Pas tous, comme on aime à se le faire accroire, mais certains. Évidemment, quand on veut que les dieux soient égaux, qu’il n’y en ait pas de meilleurs que d’autres, il est difficile de se retrouver, c’est-à-dire de chercher à savoir la raison pour laquelle les dieux sont avides de sang, alors que d’autres trouvent une telle "offrande" répugnante et sauvage. Vishnou, par exemple, n'accepte aucun sacrifice de ce genre et ses dévots sont végétariens.
On revient de loin. C’est Ernest Renan qui disait, lit-on dans cet article du Monde des Religions, que lorsque l’on est prêt à verser son propre sang, on le fait d’autant plus facilement quand il s’agit de celui des autres. C’est ce que pensent les végétariens.
On juge un arbre par ses fruits et non par ses racines. Les juifs haïssaient les autres peuples, idolâtres. Ils les massacraient. Chrétiens et musulmans ne s’y prirent pas autrement. Et les athées ne sont pas en reste quant à l'élimination en masse des opposants idéologiques ; ils sont capables du pire, démonstration, hélas, à l'appui..
* À lire sur ce blog : Le goût du sang dans les sociétés...
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Ouvrir les yeux pour mieux inventer
( J'imagine qurêvait d'un monde dans lequel il serait entouré de fillettes
à la peau laiteuse et en petites tenues, ce qu'il adorait de son vivant en tant que photographe...)
Les habitants de notre planète vivent comme dans un rêve, faut croire. Et le virtuel -TV, Web et technologie tous azimuts-, assure la continuité de cette illusion animée et chérie que furent -et le sont toujours- les dessins animés de Walt Disney durant notre enfance. Arrivés à l’âge adulte, beaucoup ont dorénavant du mal à faire la part des choses.
Les attentats du World Trade Center étaient un signe, ils auraient dû, selon les références de Virginie Larousse, nous ouvrir les yeux : « La chute des tours était une icône du moment prochain où nous devons payer l’addition. » Et d’en conclure, dans son édito de la nouvelle année 2016 : « Or, depuis 2011, qu’avons-nous fait pour remédier au désespoir économique, écologique, culturel qui mine l’humanité ? »
Je réponds pour sa gouverne : pas grand-chose. Où si l’on doit tout de même accorder quelques évolutions envers toute cette agitation entourant l’écologie, la ruine de nos institutions et de nos infrastructures, cela n’est que poudre aux yeux, on fait un pas en avant et deux en arrière. L’effort que nos gouvernements et que nos concitoyens consentent en ces domaines ressemble plus à un emplâtre sur une jambe de bois qu’à une véritable volonté de changement.
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Dieu, en tant que femme, et pourquoi pas ?
Cela donnerait aux écrivains l'occasion de faire couler leur encre, d"écrire des lignes songées ou faire du brainstorming. Désolé de vous l'apprendre, vous êtes au moins 4000 mille ans en retard sur ce que signifie Dieu ! C'est de l'anthropomorphisme que vous proposez-là. En termes scientifiques, on désigne cette attitude par le complexe de l'ethnologue. Dieu n'a jamais été un homme de ce que l'on comprend des anciens textes, du moins pas homme uniquement ! Dieu est multiple et non Un. C'est ce qui vous mêle les pédales, ce Un qui ne supporte aucune comparaison, aucun égal. C'est pourtant bien simple, allez voir un homme et chercher en lui les possibilités divines, trouvez un homme capable de créer une planète propre et pure pour qu'il aille y vivre. Vous ne trouverez que médiocrité; par exemple s'il veut un enfant, il lui faut passer par une femme. Ouvrez bien grandes vos oreilles : Dieu est homme -et femme ! Il est également noir -et nain ! il est aussi porc, chien ou cheval. Mais -dois-je le rappeler en insistant lourdement- ce cheval ou ce porc n'ont rien à voir avec vos espèces terriennes, temporelles ou cartésiennes. Dieu est tout à la fois. Si vous aviez un peu plus de culture générale, vous sauriez que les Hindous sont passés par là avant même que les Européens ne comprennent quoique ce soit au monde, lequel, ils croyaient, se limitait à l'horizon du ciel sur leur tête. Et les Hindous l'ont fait avec grande perspicacité. En fait, toutes les espèces vivantes sont des prototypes du Divin; ensuite seulement l'être (en l'occurrence humain) peut exister. Si vous étiez ouvert à la spiritualité, vous sauriez tout cela depuis fort longtemps, au lieu de rabâcher du platonisme à longueur de page...
Laïcité, blasphème : qu'a-t-on appris, un an après ?
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