Les grands enjeux de société et les idées qui en font la trame, avec humour, passion et gravité.
1 Mai 2014
Salon littéraire à Montréal et femmes d'affaire sexy pour promouvoir des causes nobles, c'est la nouvelle trouvaille des Québécoises pour se distinguer en matière de littérature.
"Tout homme a en son cœur un cochon qui sommeille", selon le dicton.
Et elles aiment ce coeur.
J'ai entendu parler de cela dans une discussion avec l'animatrice Catherine Perrin sur Radio-Canada*. Son invitée présentait l’événement ainsi: « Le festival littéraire international Métropolis bleu est une rareté : il a pour but de financer de nobles causes et il ne recule devant rien pour atteindre ses objectifs. Imaginez, un regroupement de femmes d'affaires, commandité par la Vie en rose, une entreprise qui vend de la lingerie fine, défilera en tenue affriolante* pour ramasser des dons. » Après ça les féministes se demandent avec des airs outragés pourquoi les hommes se comportent ou, du moins, les imaginent comme si elles étaient des aguicheuses à la manière des guidounes...
* Définition du Larousse: Qui excite le désir, séduisant, attirant. Exemples: Avoir des formes affriolantes. Promesses affriolantes.
Cela tombe bien. Il y a dix ans de cela, j'envoyais le message ci-dessus à la rédactrice du magazine québécois Châtelaine, Lise Ravary, une chef de file en la matière. Pour un nouvel abonnement, elle offrait en cadeau à ses lectrices de la lingerie fine pour Noël, une fête religieuse. (Il est vrai qu'elle est juive, mais tout de même, était-ce vraiment le bon moment.)
L'éditrice de Châtelaine, le magazine des femmes québécoises, lu également par le conjoint, souhaite à ses lecteurs «Joyeux noël!». Ainsi elle consacre son éditorial à exprimer avec entrain sa joie à l'approche de cette célébration alors même qu'elle est juive. Justement! Elle déplore le fait que «Noël sent fort l'homme blanc» (sic) sous prétexte que la société ne veuille pas attiser les conflits religieux ; cette fête ne figure pas dans le calendrier sikh, bouddhiste ou musulman.
Lise Ravary a donc titré son texte: Joyeux Noël, veux, veux pas, pour marquer en outre son agacement envers les avatars qu'a subi l'expression Joyeux Noël par «l'homme blanc»; on dit dorénavant joyeuses fêtes, préférablement, pour rallier plus de monde.
À lire cet éditorial, je comprends cependant que Mme Ravary a surtout focalisé sur le vocable «Noël». Pas pour son aspect religieux, mais pour la beauté et les plaisirs qu'apportent cette fête. Il y a de l'hédonisme chez cette femme. Si vous doutez de mon jugement, voyez ce qui suit.
Je tourne la page et là on retrouve la lettre du mois qui a été primée et que l'on a nommée, ironiquement, Nourrir l'esprit des fêtes. C'est une jeune maman qui écrit. Elle aussi prépare Noël de façon traditionnelle. Elle vit seule et assume la garde de son enfant de trois ans: «Puisque les fêtes sont plutôt commerciales, dit-elle, je souhaite apprendre à ma fille que la préparation de cette période est, en soi, une célébration. L'accueil d'un moment tant attendu.»
Et qu'est-ce que Lise Ravary lui a offert en guise de récompense? Pour le moment tant attendu?
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