Quand le laid donne naissance au beau.

Passionné de l'Histoire, quand le jeune Hegel découvre l'Inde il tricote à la manière de son époque les événements et les idées afin d'en faire un ensemble cohérent et l'accrocher au wagon de son histoire universelle. Le résultat, bien qu'il ait produit d'innombrables adeptes, ne sert plus comme référence songée. Dans le passage que je vous présente à la fin de cette publication, le grand ordonnateur déploie l'analyse des livres qu'il dévore et, cela, bien qu'il ne connaisse pas les langues indiennes, ni leur mère, le sanskrit, et qu'il ne se soit jamais rendu en Inde, ni d'ailleurs en ait éprouvé le désir, si on en juge par ses écrits.

Dans ce paragraphe, il dit plusieurs choses (qui s'avèrent fausses). Premièrement, le libre arbitre est le privilège des bandes sauvages (chaotiques) plutôt que de la civilisation ou de l'organisation sociale, les castes en l'occurrence, ce "splendide édifice".

Ayant adopté la fumeuse théorie des Aryens dans l'air du temps et qui fascinent les intellectuels au plus haut point, il croit que du Caucase ou de quelques lieux situés dans ces régions du monde, des hommes supérieurs de par leur force sauvage ont déferlé sur l'Inde et l'ont civilisé. Du mauvais, du mal ou du chaos surgissent les lumières, voilà une théorie qui, encore aujourd'hui, et peut-être plus qu'avant, a le vent dans les voiles. (Le paragraphe suivant est la traduction de Michel Hulin, in Hegel et l'Orient.)

"Conformément à l'idée, l'arbitraire n'est pas dans le splendide édifice mais il doit exister chaotiquement en dehors de cette unité substantielle. Ainsi, à côté des édifices de la substantialité orientale, nous trouvons des hordes sauvages qui se précipitent du haut pays sur l'habitat de la paix, le détruisent, le dévastent et en font table rase: elles s'y installent, se mélangent et perdent leur sauvagerie, mais elles se détruisent en poussière sans aucun résultat parce qu'elles sont en elles-mêmes incapables de se civiliser."

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