Qu'est-ce que le dharma ?

"En vingt ans, un homme peut changer du tout au tout, la planète peut se métamorphoser, les goûts esthétiques se transformer. Mais le 'vrai', 'l'essentiel', le 'fondamental' ne changent pas. Le pain reste le pain, l'eau est toujours l'eau." E. Etkind, dans l'introduction du livre de Vassili Grossman, Vie et destin.

La définition du dharma n'est pas la religion, comme on le croit et le traduit souvent, mais ce qui ne peut être changé. Donc, ce qui est fixe ou la caractéristique essentielle d'une chose. On dit ipséité, en français. Le dharma du feu est de brûler, pour donner un exemple facile à saisir. Le dharma du moustique est de piquer. Celui de l'eau est d'être mouillé, celui de la pierre d'être dur. Il est impossible de changer de dharma comme on change de religion. Cette dernière situation s'est pourtant bien produite tout au long de l’histoire, des juifs se sont transformés en chrétiens, des chrétiens en bouddhistes et des hindous en musulmans. Beaucoup ont même embrassé l’athéisme. La religion, par conséquent, n'est pas une ipséité. Le dharma d'une femme est d'être enceinte, celui de l'homme est de procréer. Le soleil ne peut pas devenir la lune et la lune ne peut pas devenir le soleil. 

La question se pose alors, comme un doute pertinent, comme une réponse que l'on cherche à élucider en rapport à l'instruction donnée par Krishna à Arjuna dans le dernier chapitre de la Bhagavad-gita: pourquoi enjoint-il de laisser là les dharma et de s'abandonner à Lui, sarva-dharmān parityajya mām ekam śaraṇaṁ vraja (18.66)? N’y a-t-il pas contradiction? Si le dharma ne peut être changé, comment exiger qu'on lui tourne le dos?

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