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Le blog de Maroudiji

Les grands enjeux de société et les idées qui en font la trame, avec humour, passion et gravité.

Nouveau Projet et la pub

Ceci n'est pas un message publicitaire.


Nouveau Projet est un magazine qui se veut à l'avant-garde de la pensée au Québec; il vous tient informés de ce qui est bon ou mauvais*, vrai ou faux. Pour cette raison, il promet plus de beurre que de pain en toute légitimité, ou à la blague. Mais à en croire cette publicité cocasse, il ne semble pas y avoir de différence avec les méthodes publicitaires classiques. Le message subliminal qu'il envoie à ses 30 000 lecteurs, c'est que la publicité ne déroge pas aux pratiques capitalistes sauvages et ce magazine est l'exemple tombé du ciel qu'en ce domaine il n'y a point d'âme pure pour en sauver une autre.

* Exemple que nous lisons dans le magazine au sujet des accents circonflexes manquants : "Nous utilisons l'orthographe modernisé. Il est important pour nous de contribuer à faire progresser le français, sous toutes ses facettes." Si je trouve un jour leur définition du progrès, je vous reviendrai avec elle. En ce qui me concerne, le progrès est un leurre. les rédacteurs auraient dû écrire: "Il est important pour nous de contribuer au changement du français selon l'évolution que nous constatons." Quelque chose du genre, quoi, parce que de la littérature sans accent circonflexe, personnellement je n'en ai pas encore lue...

Et en prime, une illustration :

Je ne cesse de le dire, l'évolution est un mythe, mais le paradigme du progrès est si profondément ancré dans les mentalités qu'il est impossible de faire entendre raison.

Vrai ou faux, selon Nicolas Langelier

 

Dans son article intitulé À propos du vrai et du faux, Nicolas Langelier donne le ton, citant un de ses collègues dans le même numéro: "Soit l'ancien quartier était le vrai et le nouveau est une sorte de sosie monstrueux, soit c'est le nouveau quartier qui est le vrai et l'ancien était donc une sorte de mensonge." Dixit Kristin Dombek. Et il lui répond comme en écho: "C'est donc l'authenticité de nos milieux de vie qui est mise en cause ici, mais aussi la nôtre, en tant qu'individus qui les habitent et les nourrissent." Se critiquer soi-même fait moins mal que les critiques des autres.

 

Venant de l'extérieur, étranger à leurs débats, je sais très bien que l'ancien et le nouveau sont tous les deux vrais et que dans 30 ans on dira la même chose en comparant nouveau et ancien. Est-ce seulement un coup d'épée dans l'eau ou Nouveau projet veut aller au fond des choses ? C'est ce que nous allons voir, quoique nous avions déjà figuré, d'après les accents circonflexes, délaissés au nom de l'évolution de l'écriture*, que le magazine affichait une nette prédisposition envers le progrès, cela en se basant sur la tendance populaire, si je comprends bien. Car, à mon avis, c'est bien les gens des classes moins que moyennes qui font fi des subtilités de l'écriture, classe à laquelle, par ailleurs, j'appartiens. J'en parle donc en connaissance de cause.

 

Mais ne nous inquiétons pas outre mesure, notre rédacteur en chef n'est pas tombé de la dernière pluie, il sait que l'authenticité est « un concept un peu glissant. » Il va donc faire attention à ce qu'il écrit pour ne pas froisser, car on sait bien que dire la vérité, c'est perdre des amis...

Nouveau Projet 3 La culture de la souffrance

 

« Les œuvres d’art naissent toujours de qui a affronté le danger, de qui est allé jusqu’au bout d’une expérience », disait Reiner Maria Rilke. Quelques lignes plus loin, sous la plume de Denis Côté, qui a relevé cette citation, nous lisons encore ceci: « L’engagement de l’artiste est d’abord une résistance de l’âme. Mais est-ce bien vrai ? » 

 

Shri Krishna à Arjuna

 

Comment peut-on juger de la pertinence de cette proposition quand le postulat est nébuleux, pour ne pas dire impropre. C'est à croire que vous avez fait l’expérience de l’âme ou que vous l’avez-vu, d'une façon ou d'une autre, peut-être à travers un microscope, ce qui vous permet de déclarer qu'elle est résistante, faible, énergique, dynamique, petite ou grande, qu'elle souffre ou qu'elle est heureuse? Ce faisant, même les athées parlent de l'âme ! "Pas grave, me direz-vous, Projet Nouveau c'est de la littérature, pas de la philo..."

 

 

En vérité, selon les écrits, qui les premiers en parlent et la décrivent, l'âme est spirituelle. Je vous l’apprends peut-être, car j’imagine que vous devez être certainement impressionné par la mécanique quantique; elle, en effet, ne fait pas cette distinction. Mais ce qui est spirituel n’est pas sujet aux lois de la physique ou de la psychologie, c’est-à-dire le mental.

 

 

-----------------------  --------  Image reprise de leur magazine.

J'ai envoyé ma réflexion au magazine en question et à plusieurs personnes concernées mais le courriel est demeuré lettre morte. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil malgré la bonne volonté et la sagesse dont ils font état dans leurs pages.

Dans « Vrai ou faux »*, Nicola Langelier en rajoute sur l’âme, toujours sur le mode poétique* : « Et nous, simples mortels, nous avons suivi une tendance similaire dans notre vie personnelle. Nous voulons être connectés, populaire, retweetés (…) Nos profils de réseaux sociaux –vitrine de notre âme et de notre image publique- sont cultivés avec la minutie jadis accordée aux bateaux dans les bouteilles. »

Donc, on ne croit pas en l’âme. Sachant que d’autres y croient et qu’ils ont une philosophie qui repose sur cette croyance, Langelier en a cure. Il écrit sans sourciller : « Et notre époque ne fait rien pour faciliter les choses. Peut-on être vrai dans un monde faux ? »

En tant que rédacteur en chef du magazine, il donne le la. Ils pensent que parce  30 000 personnes le lisent, il est, lui, dans le vrai. Il confond volontairement la caractéristique de son âme, c'est-à-dire l'âme humaine, avec celle d'une voiture ou "l'âme" de la ville. Ensuite il demande : « On a l’impression que de faire la part des choses est de plus en plus difficile. » N’est-ce pas ironique ?

Langelier pense que c’est la faute des autres s'il y a tant d'artifices : « L’authenticité des communications publiques n’existe plus. » À le lire, on comprend que lui et ses collègues du magazine sont de vrais révolutionnaires. Ils sont issus de la mouvance des ados qui, la planche à rouler sous les bras, déboulaient ici et là, sans règle, bravant les institutions conservatrices et l’État ringard. Mais il le reconnaît : « Pour être honnête, je ne suis pas convaincu que nous ayons accompli quoi que ce soit de déterminant. Mais nous avons essayé, aucun doute là-dessus, avec une énergie folle et parfois désespérée. Et quoi qu’on dise, c’est déjà beaucoup. »* 

*Nouveau Projet 4
* Fourre-tout, voilà ce qu’est devenue la poésie contemporaine. Après on s’étonne de sa mauvaise presse ou qu’elle ne soit plus lue.
*L'article "Solstice +20", dans Nouveau Projet #3.

Chassez-le par la porte, il revient par la fenêtre.

« L’authenticité des communications, écrit Langelier, n’existe plus, d’ailleurs, depuis qu’elles ont été prises en charge par des spécialistes (…). Et nous, simples mortels, nous avons suivi une tendance similaire dans notre vie personnelle. (…) De la même manière, nous choisissons de plus en plus nos partenaires de vie ou de sexe en fonctions de fiches élaborées avec la plus grande attention –il est même possible d’engager un consultant. »

Dans le passé, l'authenticité, existait-elle? Êtes-vous entrain de nous dire qu’il y a régression? Denys Arcan vient de se faire sanctionner au festival de Cannes pour avoir montré dans son film, Le règne de la beauté, que les jeunes ont perdu beaucoup de qualités par rapport aux générations précédentes. Les temps changent, mais pas en progressant comme on le martèle depuis la flèche de Zénon, Adam et Éve, Darwin ou le Big Bang. Le concept du progrès, basé sur la théorie de l’évolution, a fondé puis coulé ce dogme dans le béton. À présent, les gens se rendent compte qu’il y a quelque chose qui cloche, cependant le formatage mental les empêche de penser raisonnablement.

Mais, autrefois, pour en revenir à nos moutons, les gens se mariaient tout autant « en fonction de fiches élaborées ». Les parents choisissaient le meilleur parti pour leurs enfants. À cet effet ils consultaient des astrologues et passaient au peigne fin les attributs de la future belle famille. On voit par là que « la prise en charge par des spécialistes » a toujours existé. Où est donc, par conséquent, le vrai ou le faux, dans les mariages d’avant ou ceux d’aujourd’hui? La question ne se pose-t-elle donc pas ?

« Le vrai n’est jamais qu’un moment de plus en plus rare du faux », a dit Debord. C’est vous, Nicolas Langelier, qui écrivait cela. Vous continuez ainsi : « Et il n’avait même pas eu l’occasion de flirter sur Tinder. » Il n’avait nul besoin, c’est un serpent des mers. Si vous ne faisiez pas litière de la philosophie hindoue, vous le sauriez. Depuis la nuit des temps, ce phénomène est désigné sous le nom de « maya ». Karma, yoga, atma (l’âme) ou en l’occurrence maya, sont de très fortes conceptions de la vérité dont malheureusement les gens de peu d'ouverture ne s'en servent pour ridiculiser leur signification, une tradition qui, depuis Hegel, ne manque pas de souffle.

 

L'écriture et l'évolution

Une lectrice de Nouveau projet leur écrit pour les féliciter de faire évoluer la langue.
 

Je suis toujours étonné de ce phénomène; tout se dégrade autour de nous, que ce soit la qualité de la vie, l’environnement, l'enseignement, la mémoire et l'intelligence, les rapports entre humains, la capacité de notre corps à s'immuniser contre la maladie, mais les gens continuent à croire au progrès, qu'ils évoluent, dans le sens qu'ils étaient des hommes préhistoriques dans le passé, bêtes et méchants, et qu'aujourd'hui ils sont intelligents et beaux...

 

 

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