Les grands enjeux de société et les idées qui en font la trame, avec humour, passion et gravité.
2 Mars 2013
Sommes-nous tous des animaux, tel que le mot âme l'indique ?
âme = anima (en latin) = animal.
Un jour, lors d’une promenade en compagnie d’un vieux moine, autrefois trappiste, dans les alentours de son monastère, il fut agréablement surpris par ce qu’il aperçut à quelques pas de nous : c’était un tronçon de bois coupé à la scie sur les deux extrémités et duquel s’élançaient de jeunes pousses dont les bourgeons témoignaient de leur vigueur. « Regarde, c’est vivant ! s’exclama-t-il.
Et moi d’enchaîner -anima !
- Oui, approuva-t-il, la vie.
- L’âme ! » fis-je résonner, m’aventurant sur un terrain délicat, habitué à son caractère susceptible et intransigeant, dans la discussion comme au travail (beaucoup plus au travail, en fait). J’étais son élève en quelque sorte puisque c’est avec lui que j’ai appris l’apiculture. Dans la communauté du monastère, il affichait la figure d’une personne plutôt ascétique et rude, bien que gentil si on ne le dérangeait pas. La non-violence oui, mais l’impertinence ou la négligence, non. À mon étonnement, il ne montra aucun signe de désagrément et semblait avoir oublié le débat qui avait fini par l’exaspérer, en automne dernier. Au contraire, il renchérit : « psyché, les Grecs l’appellent psyché !
- Puisque c’est ainsi, pourquoi maintenez-vous alors que les plantes ou les animaux n’ont pas d’âme? » Il ne répondit pas.
Les abeilles vrombissaient autour de nous à cause des nombreuses ruches à la lisière du bois. Nous en faisions la tournée pour évaluer leur état de santé. Puis, quittant le chemin, il entra dans les hautes herbes et dit : «Que cherches-tu vraiment à exprimer par ce mot, âme?
- La vie, le principe qui manifeste la vie mais qui n’est pas perceptible par nos moyens matériels, scientifiques. N’est-ce pas compris ainsi par tout le monde ? » lui demandai-je, surpris de devoir répondre encore une fois à cette question.
« C'est un aspect. Avant de donner une explication, il est nécessaire de s’entendre sur la signification de cette entité. Tu as une singulière façon de poser tes questions, comme si c’était nouveau pour toi, alors que tu planchais dessus pour tes examens, il y a quelque temps encore…
- Oui, cela n'a pas été facile, c'est pour cette raison que je voudrais savoir ce que vous en pensez. N'aviez-vous pas affirmé que seuls les humains possèdent une âme ? Je me souviens, votre argument consistait à dire que les animaux en sont dépourvus à partir des explications d'Aristote, Descartes, Pascal, Saint-Augustin, mais, je vous avoue, je ne comprends toujours pas…
- Une âme de nature spirituelle, me reprit-il. Les animaux n’ont qu’une âme matérielle, ce qui n’est pas la même chose. À quoi servirait une âme intelligente à une une puce ? Elle n'a que faire de pensées et de prières. L’homme est le seul être pourvu par Dieu du libre arbitre. Les animaux n’ont pas cette alternative du choix. Ils ne font que suivre leurs instincts. Quand on parle d’âme, du moins comme tu l’entends, une substance intelligente qui favoriserait notre rapprochement vers Dieu, il est sous-entendu qu’elle joue un rôle d’élévation de l’esprit, ce qui n’est pas le cas pour les animaux. Ils ne prient pas à ce que je sache... »
Je pris soin de ne pas interrompre ses réflexions alors que l'on continua à marcher en silence. « Évidemment, si tu penses que l’âme d’un homme ou celle d’une femme deviendra une tortue ou un cheval, comme dans Laurel et Hardy * suite à sa réincarnation, alors, là, tu montes au cocotier, mon enfant ! » Il secoua la tête en signe de désapprobation. Il n'aimait pas mes idées orientales, "exotiques", comme il se plaisait à le appeler. «Sais-tu que “animal” vient d’anima ? »
Bien sûr, je le savais, il me le répétait chaque fois comme si c'était la première fois, mais je ne répondis pas.
« Animal et âme, continua-t-il, se partage le même mot en latin. C'est pourtant clair... L'âme est indissociable du corps. » Il se mit à rire de bon cœur, paternaliste, comme s'il connaissait un secret mais hésitait à le révéler. « Que sais-tu à propos de l’âme? », dit-il enfin. En fait, il qualifiait mes recherches de ‘travaux d’étudiants’, ce qui signifiait, venant de lui, de la théorie et de l’immaturité. Toutesles fois que l’on se rencontrait et que j’abordais le sujet -parce qu’à l’époque je pressais mes interlocuteurs de me donner leur avis-, il me lançait : « Mais que sais-tu de l’âme ? Est-ce qu’une pendule a besoin d’une âme pour fonctionner? C’est la même chose pour les arbres, Dieu les garde en vie à la façon des machines sophistiquées. »
- Mais une machine n’a pas de vie ? » objectai-je.
-Ne dit-on pas “quelle est la durée de vie de cet appareil?”. Un arbre ne pense pas mon garçon; il n'a pas de conscience, pour la bonne raison qu’il n’a pas d’âme, du moins pas une de spirituelle. »
Nous arrivâmes à destination. L’air était saturé du vol des abeilles. Pour s’approcher et ouvrir les ruches, le silence était de mise. Tout en travaillant, je pensais au sens du mot âme. Sa genèse frise la science-fiction. Son association étroite avec ce qu’on appelle communément la mythologie, l’a doté d’une connotation archaïque, chamanique ou sacré. En fait, historiquement, dans les cultures judéo-chrétienne et musulmane, la connaissance de son existence n’est pas si ancienne. N’étant plus à l’aise avec le mot, à cause de la dérive de nos sociétés vers un système de croyance athéiste aux impulsions matérialistes extrêmes, on lui préfère à présent des substitues tels que souffle, esprit, force vitale, moi idéal, poussière d’étoile, etc. Il est impossible, toutefois, d’ignorer complètement sa raison d’être puisque cela entraînerait une cascade de difficultés majeures ; l’âme étant reliée à l’idée d’immortalité, d’un autre monde, de moralité, de Dieu, de concepts pratiquement innés à une grande partie de l’humanité. La priver de cette idée reviendrait à la faire disparaître, à l’élimination de tout un monde extraordinaire. La difficulté que pose l'étude de l’âme, c’est qu’elle n’est pas une chose que l’on peut saisir avec l’intelligence pour analyse. Sa réalité est des plus mystérieuse. Ainsi, pour la définir, en dehors du contexte hindou, l’intelligence, le rationalisme, fut le moyen de prédilection. Car, à l’origine, en Occident, il n’existait pas d’Écritures révélées comprenant cette information en tant que telle; les détails étaient inexistants. L’esprit philosophique en a fait son terrain de prédilection. Rien de comparable à la Bhagavad-gita, par exemple, dans laquelle un chapitre complet lui est consacré. On y apprend qu’elle est infinitésimale et brillante comme dix mille soleils ; qu’elle n’a rien à voir avec ce monde ici-bas, seul le vêtement qu’elle revêt, le corps, est concerné par les vicissitudes de l’existence matérielle. C’est un désagrément suffisant pour l’âme que d’être enchaînée au corps, loin de son environnement et de ses liens originels.
Dans le judaïsme, Moïse demeura silencieux sur ce point, et le Père M., érudit, écrivain et représentant intellectuel du monastère, aujourd’hui décédé, était catégorique sur le sujet : nous sommes avant tout ce corps. Le Père M. était un orfèvre en la matière. Il est vrai, cependant, que ses vues n’étaient pas partagées de tous dans la communauté, mais elles avaient du mordant et ralliaient ses adhérents ; il croyait dur comme fer -et les Écrits pour le justifier- que l’âme et le corps ne sont qu’une et même entité. Quand l’état de péché nous a souillés, c’est-à-dire avant le péché lui-même, symbolisé par la pomme d’Adam, l’être s’est divisé en deux, l’âme et le corps qui, chacun à leur façon, servent des intérêts égoïstes, pour deux royaumes spécifiques et contradictoires. C’est en communion avec Jésus-Christ, à la Pâque, au moment de la résurrection, qu’une telle réalisation peut être comprise et la rédemption finale acquise, au bout, toutefois, d’un mois de jeûne, de prière et de méditation. L'humilité de Père M. et sa curiosité toute feutrée, sa connaissance de l’histoire des religions en périphérie de la méditerranée, rendaient son approche aisée et les échanges fructueux. À l’époque, je finissais ma thèse sur la généalogie des monothéismes dans les religions et il m’avait beaucoup encouragé à étudier Aristote en profondeur, pour mesurer le gouffre qui le sépare des positions de Platon, notamment sur les questions de métaphysique ou d’influences orphiques. J’appris de lui que Moïse a été à tel point silencieux sur l’ontologie de l’être que les Sadducéens rejetèrent l’idée d’une éternité pour l’âme. Leurs opposants, les Pharisiens, professèrent la résurrection des corps. Des mots comme nefech ou rouah, qui se rapportent en fait au souffle, et utilisés ultérieurement pour désigner l’âme, sont rarement employés dans la Bible en référence à une entité désincarnée ou spirituelle, distincte du corps. C’est l’air vital que le Créateur souffle dans la chair humaine que l’on appellera dorénavant l’âme.
Car chez les juifs, le sens de l’éternité visait avant tout la forme physique. C’est seulement plus tard, sous l’influence des Grecs, entre autres, qu’ils rédigèrent des textes où il fut question d’une âme source de vie pour le corps. Et encore beaucoup plus tard, sous cette même impulsion philosophique, cette fois stimulée par les Arabes, la Kabbale. Elle émergea après le premier millénaire et développa l’ontologie de l’âme jusqu’à en parler en termes de réincarnation ! Il est vrai que l’enseignement ressort de l’ésotérisme et que les sources ne sont pas identifiables textuellement. Des influences grecques ou hindoues sont néanmoins repérables. Quand on parle de Platon, on pense Orient. De nos jours, la plupart des juifs ne croient plus à la résurrection des corps ou ce qu’il en restera, les cadavres, mais privilégient la croyance en une âme immortelle.
Les Égyptiens, quant à eux, puissante civilisation avancée dans le savoir et les sciences, croyaient aussi en l’âme ; certains de nos contemporains prétendent même qu’ils croyaient en la réincarnation. Si tel fut le cas, il n’est pas aisé de trouver dans leurs textes des informations précises sur les aspects de son existence, sur sa nature et l’origine de ces connaissances. Nous ne sommes guère plus avancés que dans la Bible. Il faut souligner que pour les différentes civilisations qui entouraient ce royaume, la religion consistait le plus souvent en un syncrétisme. Les érudits spéculent que les Égyptiens auraient également puisé certaines de leurs idées religieuses dans le corpus spirituel des Zoroastriens, ces Perses qui croyaient à la résurrection des corps. Tout comme d’ailleurs les Juifs et les Sumériens. Dans cette partie du monde, on pensait l’être humain d’une pièce, faisant fi de la distinction pointue entre corps et âme.
* Mais l’année suivante, tous les apiculteurs furent mis au courant officiellement que les pesticides répandus dans les champs par les agriculteurs contribuaient à la mortalité.
Zoroastre, continuai-je à penser, plus communément connu sous le nom de Zarathoustra, devint plus tard le prophète des Mazdéens. Ces derniers cultivaient une compréhension différente de leurs voisins occidentaux : l’âme pouvait tomber en enfer mais pas pour l’éternité ; à un moment ou l’autre, elle atteint le paradis grâce à la réincarnation. Zoroastre se dédia à réformer cette religion antique et la sortir de l’épure. Il transforma par exemple les dieux des Védas en asuras, des démons ! à l’exception d’un seul, qui devint un suprême Mâle. On pourrait affirmer, sans faire trop de vagues, que le Dieu des juifs, ou celui des chrétiens et des musulmans, était iranien à l’origine.
Une précision encore, sur la particularité de l’ancien mazdéisme : sa fondation reposait sur une pâle copie de la culture védique refondue pour la circonstance, comme plus tard les chinois ou les japonais s’y prendront pour le bouddhisme.
Platon professa également avec emphase
le végétarisme et la réincarnation.
De l’autre côté de la Méditerranée, les Grecs débattaient sérieusement de la question de l’âme. Socrate mourut en prison, après avoir absorbé du poison comme châtiment imposé par les juges d’Athènes. Influencé par Pythagore, la figure de proue de la philosophie grecque plus ancienne, Socrate était convaincu que son être spirituel ne serait pas affecté par la condition contraignante que lui imposaient les autorités ; l’âme étant indestructible et sa liberté irrépressible.
Son disciple, Platon, promulguera cette idée dont l’empreinte marqua le monde entier. Pour la première fois en Occident, une philosophie sur l’âme, avec l’éternité pour attribut, était acceptée à grande échelle. Platon professa également avec emphase le végétarisme et la réincarnation.
Son distingué disciple, Aristote, se détourna par la suite de ses enseignements. Il désapprouva les fameuses Formes ou Idées si chères à son maître (c.-à-d. que tout en ce bas monde possède son archétype originel et spirituel dans l’au-delà). Il rejeta par conséquent la notion de dualité entre corps et âme. Et, par conséquent, la réincarnation. Pour lui, l’âme appartenait intimement au corps « vivant ». Elle ne pouvait en aucun cas être envisagée existant séparément. La façon dont Aristote exploite le langage est prodigieuse : animal et anima sont un même mot ; du coup évolution biologique et évolution de l’âme sont une et même expérience.
Pour lui la réincarnation était une fantaisie de l’esprit,
un résidu archaïque des croyances chamaniques
En plus d’être le père de la linguistique, Aristote fut un grand naturiste et pour ainsi dire le premier darwiniste. Je connaissais un autre moine qui était, sans faire de zèle, une bibliothèque sur deux pieds, m’en parlait des heures durant en promenade. À la différence du premier, il aimait que je lui tienne tête. Il disait que j’étais une des rares personnes de son entourage qui s’intéressait avec passion à ses questions. Pour lui la réincarnation, bien qu’utile sur le plan des constructions folkloriques, dans le sens noble du terme, c’est-à-dire du social et des symbolismes, ou des mythologies, était une fantaisie de l’esprit, un résidu archaïque des croyances chamaniques que formèrent les sociétés primitives, durant le néolithique. Quand je lui opposais un argument de la philosophie hindoue en faveur de la réincarnation, philosophie qu’il connaissait par les livres d’Olivier Lacombe et d’Alain Daniélou, il me les détruisait à l’aide de dix autres. Sur ce point, il était péremptoire mais ne se lassait pas de mes tentatives de bousculer son raisonnement tant il était convaincu.
« Aïe ! » Je me suis fait piquer par une abeille. Comme un enfant je n’ai pu réprimer un cri que j’étouffais de ma main. Le moine ricana. Il me trouvait bien sensible alors qu’une piqure, chez lui, passait inaperçue. Un jour - je l’ai vu de mes yeux- les abeilles, s’étant engouffrées sous sa protection au niveau de la tête, l’avaient piqué sur le visage, le cou et la tête sans qu’il ne montre de signes d’irritation excessifs. Il s’était rapidement débarrassé de son chapeau voilé, avait passé les mains dans les cheveux, décroché les insectes qui restaient accrochés aux mailles du filet avec ses doigts nus et avait continué sans en tenir compte. Faut dire qu’il est bâti comme une armoire à glace et que les abeilles, il les connaît depuis longtemps !
« Ne t’en fais pas, me dit-il en chuchotant, le venin est bon pour ta santé. Vient ici ! » Il me conduisit plus loin et releva le filet qui me couvrait le haut ; délicatement, de ses doigts sales et gros, il tenta de retirer le dard. Il abandonna néanmoins parce que celui-ci se trouvait dans les sourcils, entre l’arcade et la paupière et ce n’était guère pratique. « Ce n’est pas grave, dit-il en m’invitant à le suivre, nous avions un père, autrefois, qui soignait certains d’entre nous avec des… écoute-bien mon petit, abeilles ! Il piquait ses patients avec leur dard. Si tu avais vu leurs têtes lorsqu’il leur proposait le traitement ? » Je n’avais pas la tête à l’écouter car la douleur commençait à se faire aigüe. Beaucoup plus tard, j’apprendrai qu’il existait effectivement une méthode thérapeutique utilisée par nos contemporains pour soigner les os.
Le moine contemplait maintenant de sa haute silhouette les champs où les ruches y faisaient des tâches blanches. Il avait repris ses imprécations contre la gente spécialisée dans la purification de l’environnement : « Des imbéciles finis ! Sans les abeilles, notre planète meurt dans les années qui suivent. C’est aussi simple que cela et ils discutaillent sur les mérites plus ou moins positifs de ces poisons dits "sanitaires" ! C’est pire même que tous les scénarios de destruction écologique ! 80 % des plantes dépendent de la pollinisation des abeilles pour se reproduire et ils sont en train de les tuer ! » (Ce dialogue date d’il y a 20 ans.)
à suivre...
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Quelques notes tirées du livre de Hartwig Derenbourg (1844-1908) L’immortalité de l’âme chez les juifs : « La division de l'homme en corps et âme est une abstraction philosophique que l'Écriture ignore. L'homme est supérieur à l'animal et créé à l'image de Dieu; mais il vit par le souffle et le sang. On reconnut bien vite que la mort naturelle arrêtait la respiration, et la mort violente survenait à la suite de la perte du sang. Des citations à ce sujet sont superflues.
La doctrine juive reconnaît un Dieu bon et juste, miséricordieux et sévère, dont les voies sont impénétrables (Deut. XXXII, 4; Isaïe, LV, 8 et suiv., etc.). L'homme, convaincu que tout doit être pour le mieux dans le monde, a le devoir de se soumettre, de se résigner, et de se confier dans la bonté infinie et dans la suprême justice de son créateur. Se plaindre et disputer avec Dieu , comme le fait Job, est un péché ; rechercher quel sera le sort de l'homme après sa mort constitue un acte de vaine curiosité et de coupable méfiance. Le vrai croyant trouve dans la certitude de la bonté et de la justice de son Dieu une tranquillité qu'aucune autre solution du grand problème de notre destinée ne saurait lui donner. » Le lien pour en lire plus
« Car dans notre concept occidental de "l’âme" nous avons mélangé, d’une part, des éléments qui appartiennent à la zone changeante de la psyché (pensées, émotions et éléments analogues de la conscience de l’égo), d’autre part ce qui est au delà, derrière ou au-dessus de ces éléments : la base indestructible de notre existence, c’est-à-dire le Soi anonyme (Soi avec S majuscule, nullement l’égo limité), très éloigné des épreuves et des événements de la personnalité. L’invisible source de vie ne doit pas se confondre avec la matière tangible, les nerfs et les organes…» H. Zimmer
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La haine de l'autre...
« Tu sais quoi, m'a interpelé un musulman, tu as tout à fait raison, on parle des livres religieux comme incitatifs à la violence, mais les guerres ne sont pas le lot des religions uniquement. »
Cependant, ce n'est pas parce que l'autre a raison que l'on est prêt à faire un état des lieux honnête. On préfère la sélection naturelle : éliminer ce qui porte ombrage à notre histoire et marteler, quitte à prendre un plus gros marteau, que Dieu est bon et haït les hommes qui ne se plient pas à sa Volonté de puissance.
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Histoires anecdotiques : l'âme noire suivie de l'âge noir
Quand l'art coûte une fortune et un temps fou à produire est-il encore légitime... Ce court métrage, L’âme noire m’a subjugué dès les premières secondes par la beauté de sa réalisation. L’éternel et sinistre récit de l’esclavage nous est flanqué à la figure avec tant de magie que l’histoire fait subrepticement son chemin à travers notre sensibilité, peu importe nos dispositions psychologiques. Merveilleux ! Et la musique est superbe. Un bémol cependant... Vu le travail de longue haleine qu’a requis l’élaboration d’un film de dix minutes -quatre ans ! ne devrait-on pas, pauvres bougres de prolétaires dont je fais partie, interroger notre conscience sur la légitimité d’une telle entreprise commanditée par les deniers publics?
« Le mythe de la sorcellerie et de la possession démoniaque domina toute la pensée sociale des XVe, XVIe et XVIIe siècle sur le continent européen » explique Paul Feyerabend dans son livre Contre la méthode. Il ajoute dans une note de bas de page : « La chasse aux sorcières n'était pas toujours dictée par la cruauté. Ainsi Remigius, faisant retour sur sa longue et heureuse carrière de brûleurs de sorcières, note avec regret sa sentimentalité de jeunesse, qui l'avait empêché de brûler les enfants des sorcières comme le voulait la coutume. À cause de cette sentimentalité, raisonnait-il, ces enfants étaient maintenant condamnés aux feux éternels de l'enfer. » Vous comprenez mieux, qu'avec une telle couche d'ignorance sur les esprits et les ravages démoniaques qu'elle induit, pourquoi on a appelé la période qui suit « Le Siècle des Lumières » !
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