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Le blog de Maroudiji

Les grands enjeux de société et les idées qui en font la trame, avec humour, passion et gravité.

L'origine des chiffres.

« Selon une tradition populaire, encore tenace en Égypte et en Afrique du Nord,
les chiffres "arabes" seraient l’invention d’un vitrier-géomètre originaire du Maghreb. »

« Cette histoire a commencé il y a bien longtemps, on ne sait pas où. L’homme, alors incapable de concevoir les nombres en eux-mêmes, ne savaient pas encore "compter". Tout au plus était-il capable de concevoir l’unité, la paire et le multiple. »

On devrait savoir maintenant qu’ils ne sont pas une invention arabe comme on l'a longtemps cru et enseigné. Il a bien fallu admettre malgré soi, ou du moins avec réticence*, son origine hindoue. Réticence, parce qu'en l’absence de preuves concrètes et irréfutables -situation qui est souvent le cas en science (voire le procès des cigarettiers qui dénient la responsabilité du tabac dans le cancer du poumon), l'idéologie prend le dessus. Et celle-ci entend privilégier la supériorité de nos origines identitaires, juive et grecque. Nous avons construit nos croyances culturelles sur le développement spirituel et civilisationnel de ces deux peuples dont le système de pensée et d'enseignement répugne à partager positivement, en reconnaissant les bienfaits de ses apports, l'humanité et la grandeur intrinsèque des autres peuples, en l'occurrence l'Inde. Ce faisant, les critiques en déduisirent « qu'en Inde, l'emploi du zéro et de numération décimale de position ne fut guère antérieure à la seconde moitié du IX siècle de notre ère. ».(Sauf mention, toutes les citations sont de Georges Ifrah, in Histoire universelle des chiffres.)

Leçon de philosophie et de mathématique

La santé c’est l’unité qui fait valoir tous les zéros de la vie.
Fontenelle

L'origine du zéro. À l’origine de son emploi, au Moyen Âge en France, chiffre veut dire zéro.

Qu’est-ce qui vient avant, la poule ou l’œuf ? Question de logique et dont le philosophe, Nietzsche, pour ne pas dire son nom, a fait ressortir malgré lui le trait loufoque de cette interrogation par sa fameuse expression « l’éternel retour »; le serpent qui se mord la queue illustre bien cette quête insensée. La question est un piège de sophiste ; insoluble, elle part de l’idée que tout est Un. Or, dans la réalité, pratique ou mentale, cette conception ne va pas de soi. Dit de façon péremptoire et pléonastique, elle est fictive : l’œuf et la poule ne peuvent pas exister séparément, l’un ne peut aller sans l’autre, ils sont liés naturellement ; ils sont un. Cette réflexion part évidemment de l’axiome qui veut qu’aucune chose ne peut provenir du néant et que ce dernier n’est qu’un concept abstrait, inexistant lui aussi ; ce néant virtuel est paradoxalement doué d’une véritable attraction pour l’esprit enclin au nihilisme. Dans ce cas, le Un est intervertible avec le Zéro, ce qui peut être démontré par 0 = 1 ou 1 = 0.

Il faut savoir que le nom ‘zéro’ vient de l’arabe sifr qui signifie vide et qu’à l’origine de son emploi, au Moyen Âge en France, chiffre veut dire zéro.

« Au début du XXe siècle les anthropologues se divisaient en deux confréries ennemies :
l’une affirmaient que le rite précédait le mythe, l’autre que le mythe précédait le rite. »

Heinrich Zimmer

Les Grecs ont tout inventé...
Quand Wikipédia déforme l'information : Les Babyloniens ont utilisé les premiers, un peu plus de 200 ans av. J.-C., une forme de chiffre zéro à l’intérieur d’un nombre (par exemple : 304) mais jamais à droite du nombre, ni à gauche. C’est l’Inde qui, en reprenant l’héritage culturel des Grecs (c'est moi qui souligne), perfectionne la numération. Elle n’utilise pas seulement le zéro comme notation à la manière babylonienne, mais aussi comme un nombre avec lequel opérer. Notion et notation indiennes du zéro sont ensuite empruntées par les mathématiciens arabes puis par les Européens.

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L’importance du chiffre*
Apprendre à aimer son image dans le miroir

« Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. » Saint Paul

Le zéro en tant que tel n’est rien, il n’acquiert de signification qu’en présence d’une autre entité, comme le un par exemple. Alors seulement il revêt de l’importance et peut devenir, toujours par association -excusez le pléonasme-, puissance ou extrême puissance.

Nul besoin d’être philosophe ou mathématicien pour comprendre cette vérité, qui en est une, en passant. Mais 10, cent, mille ou un immense zéro gros comme l’univers resteront toujours sans aucune espèce d’importance, car à eux seuls ils ne sont rien.

Rien, c’est rien.

En ce qui concerne cette assertion, rien c’est rien, il semblerait qu’il faille faire appel à un philosophe ou à un scientifique pour en comprendre le sens, alors qu’un enfant ou un illettré en bonne santé mentale n’ont aucun mal à y adhérer.

C’est le cas aussi pour le chiffre ‘un’.

Bien que doté d’une consistance en apparence, il est affligé de la même condition que le zéro. Ce qui n’est pas le cas des suivants, comme le deux, le trois et ainsi de suite.

Logiquement et concrètement -pour ne pas parler dans le vide- il faut un autre, quelconque, pour qu’un être quel qu’il soit existe. Pratiquement, dire par exemple « je vais m’aimer pour mieux exister » n’a aucun sens. La démarche est égoïste, et stérile, surtout.

Par contre, aimer un autre en a, même si ce n’est qu’un âne.

* Ce message a été envoyé à une communauté maghrébine et je concluais ainsi : Je pense qu'en 2018 tous devraient savoir en théorie que « chiffre » signifie zéro, ce qui démontre qu’à la source il a confusion avérée. Les chiffres ne sont pas arabes mais hindous.

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La révolte d'Albert Camus
et la Bhagavad-gita

Postulat : le vide absolu ou le néant n’existent pas. Le vide est toujours un espace délimité par quelque chose. Le zéro par exemple n’a de fonction que par rapport à un nombre. Il en va de même pour le silence. Dénué de valeur absolue, il est une absence temporaire de son.

Quand après la nuit se lève le soleil, la vie en dormance reprend son cours ; splendeur divine et grâce incommensurable d’où surgit par enchantement et à notre corps défendant l’idée de Dieu.

Cette réflexion est née à la suite d’une parole d’Albert Camus, lui qui était athée et qui ne cessait de l’affirmer dans une lutte absurde, adjectif de prédilection qu’il utilisait pour qualifier sa philosophie. Dans Noces, il écrivait que les beautés de la nature « lui parlent sans relâche d’un Dieu qui n’existe pas. »

Citation, Bhagavad-gita ch.7, verset 9

 

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